Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Épilogue
Nous passâmes exactement quinze jours au poste de traite. Lorsque nous nous levâmes ce matin là, il y avait trois cent cinquante guerriers Hurons et Outaouais qui attendaient à l’extérieur des remparts. Ils étaient disposés en un grand cercle et aucun d’eux ne parlait, ils regardaient un grand feu qui se trouvait au centre du cercle. Lorsqu’ils me virent, ils me regardèrent et se dirigèrent vers la rivière tandis que leurs chefs venaient me retrouver. Amérindien armé d'un arc Ils étaient tous prêts à mourir pour une cause qui n’était même pas la leur. Cela me toucha profondément. Était-ce du courage, de l’amitié ou bien de la naïveté? J’obtai pour la réponse que je trouvais la plus réelle : le courage.
Tous les canots partirent en même temps et en rangées. Leurs occupants se tenaient droits et fiers. Jean me souffla : « Ô mon Dieu, comme ils sont beaux ». Cet attroupement de guerriers était à la fois impressionnant et terrifiant.
Une fois arrivé sur la rive sur du lac Supérieur, je dirigeai la troupe vers les villages de nos alliés soit ceux des Renards et des Sauteux. En même temps, je passai par les petits villages de colons français et enrôlai le plus de miliciens possible.
Lorsque
j’eus trouvé tous les guerriers de la baie des Puants, je me dirigeai
vers la rive est du lac Michigan et le traversai avec ma troupe composée
de quelques centaines d’hommes. La mer fut calme tout le long de notre
traversée. Elle montra parfois quelques vagues, mais sans déferler sa
fureur sur nos embarcations. Elle était comme un chat, qui s’amuse
avec la souris avant de la tuer. L’eau ne se fâcha que lorsque nous fûmes
arrivés sur l’autre rive. La nuit se passa sans incident, par contre
au matin…les sauvages commencèrent un début de mutinerie. -
Perrot! Lèves-toi ! Les sauvages s’en vont, me
criait Jean dans les oreilles. -
Quoi? - Ils s’en vont! Ils n’écoutent personne, mais toi ils t’écouteront. Vas-y avant qu’il soit trop tard.
Je
sortis à moitié nu de la tente et constatai de mes propres yeux que les
sauvages s’en allaient. J’aperçus le Rat et m’approchai de lui. La
froideur de l’hiver me glaçait les membres et je dus me concentrer sur
ma mission pour ne pas aller me réchauffer près d’un feu. -
Le Rat! Où vas-tu? - Je rentre chez moi Metaminens. Plume d’Aigle a rêvé cette nuit que les Tsnonnontouans nous avaient tendu un piège. Il y a aussi deux autres Outaouais qui ont fait le même rêve.
Je me dirigeai vers lui et le frappai au visage. Il tomba vers l’arrière et je lui sautai dessus.
-
Tu n’iras nulle part ! Ni toi, ni tes hommes. Vous
êtes venus combattre, alors conduisez-vous en fiers guerriers au lieu de
vous sauver. Vos rêveurs vous ont-ils fait mention des vainqueurs de la
bataille ? Il fit signe que non. Alors pourquoi fuir? Si vous savez
qu’ils vous tendent un piège, essayez de le découvrir au lieu de fuir!
Les autres sauvages s'étaient arrêtés et attroupés autour du Rat et moi. En marmonnant, ils commentèrent entre eux sur ce que je venais de dire et approuvèrent. J’aidai le Rat à se relever et m’excusai de l’avoir frappé. Il comprit et le prit avec joie.
Le reste du voyage se passa assez bien : plus personne ne tenta de rebrousser chemin et nous arrivâmes bien assez vite à Détroit, où Denonville m’avait demandé de les amener.
Page précédente Page 9 de 15 Suite ....
|
||
|