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Partie I   Partie II

 

Les reporters d'Histoires Croisées : Et que pensent les sauvages sur la création de l'homme ?

N.P : Après la création de la terre, tous les autres animaux se retirèrent chacun dans les lieux les plus commodes qu'ils purent trouver, pour y avoir leur pâture et leurs proies. Les premiers étant morts, le grand Lièvre fit naître des hommes de leurs cadavres, même de ceux des poissons qui se trouvèrent le long du rivage qu'il avait formé en créant la terre. Car les uns tirèrent leurs origines d'un ours, les autres d'un élan, et ainsi de plusieurs différents animaux ; ce qu'ils ont fermement cru avant d'avoir fréquenté les Européens, persuadés qu'ils tenaient l'être de ces sortes de créatures, dont l'origine était telle qu'il a été ci-devant exposé.

 

 

Les reporters d'Histoires Croisées : Continuent-ils à croire encore à ces légendes ?

N.P ; Cela passe encore aujourd'hui chez eux pour une vérité constante, et s'il s'en trouve aujourd'hui qui sont dissuadés de cette rêverie, ce n'a été qu'à force de les railler sur si ridicule croyance. Vous les entendez dire que leurs villages portent le nom de l'animal qui leur a donné l'être, ainsi que la grue, de l'ours, et autres animaux. Ils s'imaginent avoir été créés par d'autres divinités que celles que nous connaissons, parce que nous avons plusieurs inventions qu'ils n'ont pas, comme celle de l'écriture, de tirer du feu, de faire de la poudre, des fusils et autres choses qui sont à l'usage de l'homme.

 


Les reporters d'Histoires Croisées : Que firent ensuite ces premiers hommes ?

N.P : Ces premiers hommes qui formèrent le genre humain étant dispersés en différents endroits de la terre, reconnurent qu'ils avaient de l'esprit. Ils considéraient çà et là des buffles, des cerfs, des biches, toutes sortes d'oiseaux et d'animaux, et quantité de rivières pleines de poissons ; ces premiers hommes dis-je, que la faim avait affaibli, inspiré du grand Lièvre d'une manière infuse, rompirent la branche d'un petit arbrisseau, firent une corde de fillasse d'orties, polirent une broutille avec une pierre aiguisée et l'armèrent par le bout d'une pareille pour leur servir de flèche, et par ce moyen dressèrent un arc avec lequel il tuaient de petits oiseaux. Ils firent ensuite des viretons pour tuer les grosses bêtes qu'ils écorchèrent, et dont ils voulurent manger ; mais n'ayant trouvé de saveur que dans la graisse, ils tâchèrent de tirer du feu pour faire cuire la viande, et prirent pour cet effet du bois dur, mais inutilement, pour essayer d'en avoir. Ils en employèrent de moins dur qu'il leur en donna. Comme la chasse n'est pas l'hiver praticable du tout à cause des grandes neiges, ils inventèrent une manière de raquettes pour y marcher avec plus de facilité, et construisirent des canots pour se mettre en état de traverser les rivières.

 

 

Les reporters d'Histoires Croisées : Qu'en est-il de la création de la femme ?

N.P : Ils en rapportent que ces hommes, formés comme il a été dit, trouvèrent en chassant la trace d'un homme prodigieusement grand, suivit d'une plus petite. Chacun ayant marché dans son terrain sur ces vestiges avec bien de l'attention aperçurent de loin une grande cabane, où étant arrivés, ils furent surpris d'y voir les pieds et les jambes d'un homme si grand, qu'ils ne pouvaient en voir la tête. Cela leur donna la terreur et les obligea à se retirer. Ce grand colosse s'étant réveillé jeta les yeux sur une piste qui était nouvelle, et qui l'engagea à faire un pas ; il vit aussitôt celui qui l'avait découvert, que la frayeur avait contraint à se cacher dans un buisson où il tremblait de peur, et lui dit : Mon fils, pourquoi crains-tu ? Rassure-toi : je suis le grand Lièvre, celui, qui t'a fait naître et biens d'autres des cadavres de différents animaux. Je te veux donner aujourd'hui une compagne. Et voici les termes dont il se servit en lui donnant une femme : Toi, homme, dit-il, tu chasseras, tu feras des canots et tout ce que l'homme est obligé de faire ; et toi femme, tu feras la cuisine à ton mari, tu feras ses souliers, et tu passeras les peaux, tu fileras, et tu t'acquitteras de tout ce qui convient à une femme de faire. C'est là la croyance de ces peuples touchant la création de l'homme, qui n'est fondée que sur une des plus ridicules extravagances, à laquelle ils ajoutent foi comme à des vérités incontestables, et que la honte les empêche de divulguer.

 

Les reporters d'Histoires Croisées : Nous allions justement vous demander votre opinion sur tout cela…Nous aurions encore beaucoup de questions à vous poser. Merci encore de nous avoir accorder cette entrevue enrichissante et plus qu'intéressante.

 

 

   Cette entrevue (fictive, et oui !) est une adaptation d'une partie du livre de Nicolas Perrot : " Mémoires sur les mœurs, coutumes et religion des sauvages de l'Amérique septentrionale " édition Agone Comeau & Nadeau, 1999. ISBN : 2.910846.23.7. Actualisé par Marion pour le concours Histoires croisées.

Note aux juges et organisateurs:

   Nous avons pris contact avec le CIEP pour savoir si nous devrions compter ce texte comme étant une «création» ou une citation. Ce dernier est considéré comme une citation actualisée et ne compte pas dans le nombre de mots à produire dans les normes du concours.

 

 

 

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